Parler plus loin :
sélection 2021
aux RENCONTRES DE BIENNE/BIELER GESPRÄCHE/INCONTRI DI BIENE


Témoigner
Parler plus loin rassemble une centaine de textes poétiques courts, inspirés par des témoignages sur le rapport à la langue étrangère : la langue de l’autre en soi ou de l’autre-soi. Ces témoignages ont été recueillis par l’auteure, Muriel Valat-B, auprès de femmes de plusieurs générations, ayant un rapport privilégié avec une ou plusieurs langues étrangères.
La dimension d’écoute et d’échange est primordiale dans ma démarche d’écriture.
De l’étrangeté à l’intimité
Parler une langue étrangère peut être vécue comme une imposture, une indiscipline, parfois comme une libération, toujours comme une expérience transformatrice. Les femmes interviewées expriment souvent leur étonnement quant à leur propre parole dans une langue étrangère, étonnées de dire parfois des choses qu’elles n’avaient pas prévu de dire, qu’elles ne savaient pas. Elles se sentent souvent une personne différente.
Dans la nouvelle langue quelque chose s’exprime qu’on n’avait pas vu, peut-être parce que ce n’était pas là ?
À partir de fragments choisis dans les interviews, émergent des bouts de narration, libérés de l’anecdote, multiples lignes de fuite. L’auteure introduit un peu de désordre dans l’histoire et privilégie l’atmosphère sonore plutôt que le sens pour créer une brèche dans l’identité de la personne, créer suggérer /un nouveau personnage qui se défait au fil …
Au fil des rencontres, je suis allée à la recherche de la saveur de l’expérience plus que de l’histoire, de l’anecdote. Écouter ce désir de la langue nouvelle, ce désir d’être «autre», et sous le sens apparent de ce qui est dit, débusquer une autre parole, encouragée, prononcée par la nouvelle langue. Comment une langue étrangère réveille l’autre en nous ? Comment et peut-être justement parce qu’elle n’est pas complètement maîtrisée, qu’elle nous échappe souvent, la langue étrangère est-elle au plus près de nous ? »
La question sous-jacente émerge peu à peu : Qui parle ?
Le désir d’écrire et d’explorer cette parole d’émancipation (au sens le plus large) s’est alors manifesté ainsi que le souhait d’interviewer d’autres femmes sur leur propre expérience, leur rapport intime à la langue étrangère.