Livres d’artiste

La nuit est usée

La nuit est usée, un livre chez VOIXÉditions

Assemblage de fragments, d’eau-forte sur papier Japon, 15×10 cm, 2018, 2021

D’images en images l’obscur et ses cohortes se défont et filent vers l’éclaircie. Restent les tresses et les lignes qui en cocons ne sont pas rangés mais dressent un immense filet fragile : il n’est là que pour retenir le jour. Muriel Valat-b conquiert le monde par le diaphane, l’infra-mince, la dentelle sauvage et tendre en divers jeux de plan. La nuit n’est plus. Comprenez : elle s’efface Elle n’est là qu’en préface pour laisser poindre ses ajournements en ajours.

Tout devient visuel et rythmique, spatial et graphique. Le réel s’affranchit de l’anecdote pour des possibles, des envisageables Les lignes les filtrent. Plus besoin de décor. Demeure l’esprit du dessin comme il y a l’esprit de la lettre – celui des mots de Jacques Dupin, de Carine Salgas auxquels l’artiste répond mettant ses dessins en parenthèse entre les notes noires de Raja Nasrallah et le Plotin des Ennéades.

Pas de coups de zig dans le zag. En lieu et place, cette harmonie discrète, sobre, claire, sans fard ou flonflon parasite. Tout est là. Tout : à savoir juste ce qu’il faut pour titiller une émotion de l’ordre de la caresse. Apparaît soudain une qualité particulière du dessin et de l’air : une vibration, un surcroît de lumière, une tranche d’horizon, un mouvement, une fluidité, un équilibre. Et par delà les mots des poètes leur élargissement, une libération et cette pointe particulière d’émotion intime, paysagère.

jean­paul gavard­perret

Muriel Valat­-b, La nuit est usée, Voix Editions — Richard Meier, Elne, 2018.

Ceux qui respirent les yeux ouverts

Voix Editions — Richard Meier, Elne, 2019

texte Carine Salgas, dessins graphite sur papier calque Muriel Valat-B