La nuit est usée : l’obscur et ses cohortes filent vers l’éclaircie par J.P Gavard

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Muriel Valat-b, La nuit est usée

Voix Edi­tions — Richard Meier, Elne, 2018.

Les yeux brodés de lumière

D’images en images l’obscur et ses cohortes se défont et filent vers l’éclaircie. Res­tent les tresses et les lignes qui en cocons ne sont pas ran­gés mais dressent un immense filet fra­gile : il n’est là que pour rete­nir le jour. Muriel Valat-b conquiert le monde par le dia­phane, l’infra-mince, la den­telle sau­vage et tendre en divers jeux de plan. La nuit n’est plus. Com­pre­nez : elle s’efface. Elle n’est là qu’en pré­face pour lais­ser poindre ses ajour­ne­ments en ajours.
Tout devient visuel et ryth­mique, spa­tial et gra­phique. Le réel s’affranchit de l’anecdote pour des pos­sibles, des envi­sa­geables. Les lignes les filtrent. Plus besoin de décor. Demeure l’esprit du des­sin comme il y a l’esprit de la lettre – celui des mots de Jacques Dupin, de Carine Sal­gas aux­quels l’artiste répond met­tant ses des­sins en paren­thèse entre les notes noires de Raja Nas­ral­lah et le Plo­tin des Ennéades.

Pas de coups de zig dans le zag. En lieu et place, cette har­mo­nie dis­crète, sobre, claire, sans fard ou flon­flon para­site. Tout est là. Tout : à savoir juste ce qu’il faut pour titiller une émo­tion de l’ordre de la caresse. Appa­raît sou­dain une qua­lité par­ti­cu­lière du des­sin et de l’air : une vibra­tion, un sur­croît de lumière, une tranche d’horizon, un mou­ve­ment, une flui­dité, un équi­libre.
Et par delà les mots des poètes leur élar­gis­se­ment, une libé­ra­tion et cette pointe par­ti­cu­lière d’émotion intime, paysagère.

jean-paul gavard-perret

 

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